Les amandes amères de Laurence COSSE
Quatrième de couverture :
Découvrant que Fadila ne sait ni lire ni écrire, Edith entrevoit à quel point la vie est compliquée pour un analphabète et combien c'est humiliant. Elle lui propose de lui apprendre à lire le français.
Fadila n'est pas jeune. Edith n'est pas entraînée. L'apprentissage s'avère difficile. Ce qui semblait acquis un jour est oublié la semaine suivante.
Si Fadila a tant de mal à progresser, c'est que sa vie entière est difficile. Ce n'est pas une marginale. Elle a une famille, un toit, du travail. Mais la violence a marqué son rapport aux autres, depuis l'adolescence. Elle a de la rancoeur contre son Maroc natal et, en France, elle ne se fait pas à la solitude. Elle vit dans une perpétuelle inquiétude.
Edith, de son côté, se sent de plus en plus démunie dans cette aventure dont elle a pris la responsabilité et qui va l'entraîner beaucoup plus loin qu'elle n'aurait cru.
Une amitié singulière, rugueuse et douce, amère, cocasse.
Mon ressenti :
Un jour, une femme accompagnée par sa mère frappe chez Edith, traductrice. La maman, Fadila a perdu son travail et si les personnes du quartier l'embauchent toutes quelques heures, elle pourra continuer à gagner sa vie. Edith l'emploie donc quelques heures pour du repassage, et va s'apercevoir très vite qu'elle ne sait ni lire, ni écrire. Elle se propose donc naturellement de lui apprendre. Oui, mais ce n'est pas si facile, encore moins lorsqu'on n'a jamais appris dans sa langue natale.
Nous suivons donc l'apprentissage de Fadila, ses premiers pas, ce qu'elle retient puis oublie quelques jours plus tard. Les difficultés qu'elle rencontre. La vie de cette femme, les difficultés qu'elle a, cette femme très franche au caractère bien trempé qui n'en fait quelquefois qu'à sa tête, la solitude, ses enfants et leurs comportements etc...
J'avais peur de m'ennuyer au début de la lecture, si ce n'est que pour lire son prénom et le temps qu'elle met à l'assimiler, mais en fait c'est une réelle réflexion sur le fait d'être analphabète. Apprendre à écrire une langue qui n'est pas la nôtre alors qu'on n'a jamais appris à écrire sa langue maternelle. L'apprentissage ne se fait pas comme avec un enfant qui est habitué à dessiner, faire des jeux avec des stylos ou ne serait-ce que tenir correctement un crayon....
Bref, une belle histoire de vie, d'apprentissage, d'amitié, de partage, d'embûches et une réelle réflexion sur l'apprentissage de l'écriture lorsque l'on est analphbète.
J'ai vraiment beaucoup aimé cette histoire de vie.
Les amandes amères de Laurence COSSE - Gallimard 2011 - 220 pages.