Le triangle d'incertitude de Pierre BRUNET

Publié le par Emma

Le triangle d'incertitude de Pierre BRUNET

Quatrième de couverture :

Il y a des choses que même un soldat endurci n'oublie pas. Surtout quand il se sent partiellement responsable d'un désastre ! Etienne aurait-il pu éviter le massacre de Bisesero, au Rwanda, lorsqu'il y était déployé en 1994 ? Mille deux cents Tutsis massacrés en trois jours sans que l'armée française n'intervienne... Evidemment non : la décision de ne pas bouger était venue de plus haut. Homme d'action, il a dû compter les victimes.
De retour en Bretagne, Etienne s'abîme dans une perdition intime. Sa passion pour son métier d'officier, les camarades de son unité d'élite, sa femme, ses enfants, rien ne peut atténuer la honte qui le ronge et son besoin de s'avilir. il largue les amarres, au propre comme au figuré. Naviguer  avec Gilliatt, son voilier, pour trouver une autre existence, pour que le vent du large chasse le souvenir de l'odeur de la mort dans la chaleur suffocante de Bisesero. C'est dans des eaux naufrageuses où sa vie ne compte plus qu'il défiera enfin les fantômes des défaillances du passé...

Mon ressenti :

Etienne s'en va seul en voilier, il se fait un périple pour réfléchir. En effet, il a tout laissé tomber afin d'aller naviguer, femme, enfants, travail. C'est loin d'être un caprice, ou une lubie. Avant il était officier commando marine à Lorient, une de ses missions a été  l'opération Turquoise au Rwanda en 1994. Lorsqu'on a vu l'horreur, comment supporter et se remettre des conséquences ?

En alternance avec le carnet de bord du bateau, nous avons une partie à la troisième personne qui prend de la hauteur pour nous raconter sa vie, son métier, sa vie de famille.
Un sujet bien difficile, heureusement chaque élément nous est distillé parmi le reste, tout ce qui s'est passé au Rwanda est disséminé au milieu d'élément de voile , ou d'éléments sur sa famille, ses enfants. Cela permet de bien digérer l'ensemble, je ne pense pas que j'aurais pu supporter un chapitre entier sur la guerre. Il y a toujours eu et il y aura encore des militaires qui pètent un plomb et ne se remettent jamais de l'horreur qu'ils ont vus pendant une mission. Du coup, tout cela entraîne aussi des conséquences sur la vie de famille, de couple et leur vie hors mission.

J'ai beaucoup aimé cette histoire originale, on oscille entre la guerre au Rwanda, la voile, le roman d'aventures. Les termes techniques de voile sont très nombreux, j'en connaissais une partie (à part le titre) mais je ne pense pas que ce soit gênant si on ne les connaît pas du tout, il ne faut pas s'arrêter à cela car c'est bien plus qu'une accumulation de termes de voile.
Une très belle histoire à découvrir, je ne l'ai pas beaucoup vu sur les blogs, je crois qu'il a été noyé dans le flot de la rentrée littéraire, et c'est dommage car il a de nombreux et sérieux atouts.

Si je n'ai pas totalement réussi à vous convaincre, vous pouvez aller lire l'avis de Saxaoul.

 

Le triangle d'incertitude - Pierre BRUNET - Calmann-Lévy 2017 - 273 pages.

Publié dans beaucoup aimé

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A
Je trouve que c'est un beau thème, dont on devrait parler plus souvent. Ce que voient les soldats, certains ne s'en remettent pas et nous, qui ne voyons rien les traitons souvent avec une légèreté qui me semble bien coupable. Merci pour ce bel article Emma ! (J'ai visionné ces derniers temps les séries de Ken Burns (ARTE) sur la guerre de Sécession, la seconde guerre mondiale et la guerre Du Viet-Nam. Elles sont toutes admirables. On comprend mieux ce que vivent les soldats ensuite !)
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E
C'est vrai que le thème est important et assez rare, il a été noyé sous le flot des autres livres de la rentrée et c'est dommage.
S
Je ne l'avais pas repéré. Il pourrait plaire à mon mari qui aime beaucoup la voile.
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E
Fort possible car la voile est assez présente, je crois qu'il a été noyé dans la rentrée celui-ci.
V
cette originalité m'intrigue, j'y suis toujours sensible...
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E
Cool, il a en effet de nombreuses qualités avec un sujet pas si souvent exploité.
E
Le sujet ne m'intéresse pas trop mais tu en parles si bien...
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E
Merci, c'est gentil, j'ai essayé de le défendre car je sais qu'il a des défauts aux yeux des gens (comme les termes techniques de voile), mais je lui ai trouvé bien plus de qualités.
M
C'est noté, le sujet m'intéresse et la forme a l'air bien aussi.
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E
J'ai beaucoup aimé car le sujet n'est pas commun, et la forme non plus d'ailleurs.
S
Oui, je suis d’accord avec toi, c’est vraiment dommage que ce roman ne soit pas sorti de la masse.
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E
Un parmi d'autres certainement, c'est sa couverture qui m'a attirée, puis la quatrième et au final j'ai beaucoup aimé :)
K
Heu s'il y a trop de voile, je vais peiner (j'ai déjà abandonné un livre qui en usait trop)
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E
Il y en a quand même pas mal, et moi qui connaît quelques termes pour en avoir fait, j'étais perdu dans tout le vocabulaire marin...
A
On ne l'a pas beaucoup vu en effet ; le sujet fait peut-être peur. Je l'avais noté chez Saxaoul, sans être très sûre. Je le surligne.
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E
C'est vrai qu'entre la guerre et la voile, ça doit en refroidir plus d'un :)
J
Il mérite le coup de projecteur que tu lui offres on dirait (et j'aime beaucoup la photo qui illustre ton billet ;) )
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E
Je pense qu'il vaut le détour, mais il ne doit pas être le seul à avoir été noyé ;) Merci pour la photo, oui j'essaie de varier un peu :)