Le cabaret des oiseaux d'André Bucher
Quatrième de couverture :
"Peut-être que ma mère Blanche verra la lettre flotter au fil de l'eau et elle viendra le repêcher sur le dos d'un héron. peut-être, ou bien elle retroussera sa robe avant d'entrer dans l'eau, elle tendra la main pour la cueillir comme une jolie écrevisse. " A.B.
Le deuxième roman d'André Bucher est un long blues, dont les notes mélancoliques et poignantes trouvent écho dans la nature grandiose qu'il décrit si bien. C'est au bout du monde, dans la cour d'une ferme isolée au cœur de la montagne, qu'échouent les deux repris de justice qui vont tuer la mère de Tristan, sous ses yeux, le jour de ses six ans. De son enfance solitaire et rêveuse dans les arbres et avec ses oiseaux, un merle et une corneille apprivoisés ; de son adolescence habitée par le secret et la nostalgie ; du crime dont il s'est rendu coupable comme en écho à celui qui lui a enlevé sa mère, il tente de dénouer les fils emmêlés dans un récit qu'il achève à dix-neuf ans, au sortir de prison. Au Cabaret des oiseaux, la ferme auberge où il a grandi, l'attendent le vieux Germain et Maryse, figure féminine qui a illuminé ses jeunes années qui fut naguère recueillie par son père. Entre ces personnages cabossés par la vie, se sont tissés tout au long du roman des liens profonds et durables grâce auxquels s'est construit et se reconstruira Tristan et dont André Bucher a su dire la complexité et la beauté.
Mon ressenti :
C'est l'histoire de Tristan, lorsqu'il a 6 ans , il voit sa mère se faire tuer sous ses yeux par deux évadés de prison. Il va ensuite vivre avec son père, son papa est alcoolique, ce n'est donc pas tous les jours facile. Il va trouver un peu d'apaisement lorsque son père ramènera une femme à la maison, une Russe, ils vont ensemble monter une auberge. Seulement, un jour, deux hommes vont arriver à l'auberge, ils n'ont pas l'air très clairs, Tristan repense à ses six ans mais il est beaucoup plus grand maintenant.
Quelle belle écriture, je me suis attachée à ce petit Tristan, c'est tour à tour drôle, poétique, émouvant. Sa vie n'est pas facile et heureuse mais il y a une belle complicité de l'enfant avec ses deux oiseaux, la nature a aussi une très belle part dans ce roman. J'ai beaucoup aimé aussi les mots créés par ce petit garçon pour appeler les gens, il y a d'ailleurs une belle galerie de personnages, comme "le docteur des généralités", le "docteur de l'esprit" etc..., ces expressions m'ont fait sourire, et ça faisait du bien car l'histoire n'est pas gaie, ces dernières mettent un peu de douceur, de rondeur, de la poésie.
J'ai vraiment beaucoup aimé cette histoire, c'est pour moi une première lecture de l'auteur, si j'en trouve d'autres je n'hésiterai pas à le relire.
Le cabaret des oiseaux - André BUCHER - Sabine Wespieser 2004 - 188 pages.