Grossir le ciel de Franck BOUYSSE
Quatrième de couverture :
Abel but son verre d'un trait et se leva. Il se tenait face à Gus, tout raide, comme une espèce de bestiole qui ne voudrait pas être repérée dans un décor hostile, puis il planta ses yeux dans ceux de Gus après un silence qui ne rendait service à personne et il dit :
- Tu veux que je te dise vraiment le fond de ma pensée ?
- Je t'écoute.
- Le diable, il habite pas les enfers, c'est au Paradis qu'il habite.
Entre Alès et Mende, au milieu des Cévennes, un lieu-dit appelé Les Doges, deux fermes éloignées de quelques centaines de mètres, de grands espaces, des montagnes, des forêts, de la neige une partie de l'année, deux hommes, un chien, un fusil, quelques mots, des silences et de la roche pour poser le tout.
Mon ressenti :
Gus vit au lieu-dit Les Doges dans les Cévennes, dans une ferme, il y est seul avec son chien. Il aurait du vivre une journée comme tant d'autres mais en ce jour du mois de janvier, alors qu'il allume la télé, il apprend que l'Abbé Pierre est décédé. Cette nouvelle le touche alors qu'il ne s'est jamais intéressé à l'homme avant.
Nous vivons au jour le jour avec Gus, nous sommes dans son quotidien, ses pensées. Même si je ne connais pas du tout l'endroit, les descriptions sont tellement précises que nous y sommes .
"La ferme de Gus était pinquée dans la partie la plus haute des Doges, à une dizaine de kilomètres à vol d'oiseau du Pont-de-Monvert. Elle était constituée de vieux bâtiments, de terre cultivées et de taillis acoquinés en forêt de châtaigniers, de pins, de chênes, de hêtres et de mélèzes, pour l'essentiel. (...) Il faudrait dire qu'entre Les Doges et le village les kilomètres ne duraient pas pareil, selon qu'on était en bonne ou en mauvaise saison. Les distances, dans ce coin-là, c'est du temps, pas des mètres."
Je n'ai pas pour habitude de retranscrire des citations mais ici, elles sont extrêmement précises et justes et je pourrais en mettre un certain nombre. L'écriture me touche, les mots sont bien choisis et réflète en même temps la dureté du climat, du travail et du personnage.
Gus, en effet, vit seul, dans cet endroit perdu . Il a pour seul voisin, Abel, qui lui aussi vit seul. Ils se voient de temps en temps, pour des coups de main. Gus peut donc paraître rustre, dur, froid, et pourtant nous pouvons voir qu'il dispose aussi de jugeote, de répartie et surtout de coeur.
Pour ce qui est de l'histoire, sans rien dévoiler, j'ai suivi cet homme dans son quotidien, dans ce paysage. J'en ai appris plus sur sa vie, des petits riens de la vie mais des choses plus importantes, des bouleversements. Tour à tour, j'ai souri, j'étais dans cet endroit perdu, mais surtout j'ai été émue par ce personnage.
Oui, il y a des personnges capables de nous émouvoir, de nous toucher, de sonner juste, tellement juste que le coeur se serre. De plus, l'histoire est forte, et belle jusqu'au bout.
Si je n'ai pas réussi à vous convaincre les avis de : Aifelle, Jérôme, A sauts et à gambades.
Grossir le ciel - Franck BOUYSSE - La Manufacture de livres 2015 - 199 pages.