Ma part de gaulois de Magyd CHERFI
Quatrième de couverture :
C'est l'année du baccalauréat pour Magyd, petit Beur de la rue Raphaël, quartiers nord de Toulouse. Une formalité pour les Français, une événement sismique pour l'"indigène". pensez donc le premier bac arabe de la cité. Le bout d'un tunnel, l'apogée d'un long bras de fer avec la fatalité, sous l'incessante pression enamourée de la toute puissante mère et les quolibets goguenards de la bande. Parce qu'il ne fait pas bon passer pour un "intello" après l'école, dans la périphérie du " vivre ensemble" - Magyd et ses inséparables, Samir la militant et Momo l'artiste de la tchatche, en font l'expérience au quotidien.
Entre soutien scolaire aux plus jeunes et soutien moral aux filles cadenassées, une génération jour les grands frères et les ambassadeurs entre familles et société, tout en se cherchant des perspectives d'avenir exaltantes. Avec en fond sonore les rumeurs accompagnant l'arrivée au pouvoir de Mitterrand, cette chronique pas dupe d'un triomphe annoncé à l'arrière-goût doux-amer capture un rendez-vous manqué, celui de la France et de ses banlieues.
Mon ressenti :
Magyd habite la cité nord de Toulouse, c'est un récit romancé sur sa vie d'adolescent dans les quartiers.
Magyd est né en 1962 de parents algériens, ils vivent dans les quartiers nord de Toulouse et nous le suivons pendant ses années lycée.
Magyd a été l'"élu" de sa mère," tu vas faire des études mon fils". Il va devoir d'ailleurs se battre dans tous les sens du terme parce qu'il aime la littérature, il ne fait pas du foot, sa mère trouve qu'il n'y a rien de pire que ce sport. Durant sa scolarité il va donner des cours de soutien aux élèves, nous sommes encore dans les années pendant lesquelles les filles n'ont pas accès à la culture, nous sommes à la charnière où elles vont commence à s'imposer. Il va être l'un des premiers de la cité à avoir le baccalauréat.
J'ai beaucoup aimé cette histoire qui raconte la vie de ce jeune Beur dans un quartier populaire. Le langage est fleuri et nous montre bien la vie. Il va devoir mener un vrai combat pour accéder à la culture mais sans devenir "trop" français non plus. Le livre prend fin tout juste fin lorsque commence l'aventure Zebda.
J'ai raté l'auteur en début d'année alors qu'il était présent à un salon du livre dans un petit village pas loin de chez moi, c'est dommage car j'aurais bien aimé le rencontrer, c'était pour la sortie de son livre La part du Sarrasin.
Quelques extraits :
Page 11 : " Je mêlais sans scrupule des vers de René Char, d'Eluard ou d'Apollinaire avec mes minables élucubrations. Sans vergogne, je mélangeais le kérosène des grands avec mon fuel domestique. "
Page 200 :
" Comment dit-on "félicitations" en kabyle ?
- Tu sais maman, quand on te félicite.
- Non j'sais pas.
- Mais si ! Quand on dit à quelqu'un "bravo".
- Heu, non.
- Tu vois pas ? Quand on te dit "c'est très bien".
- Non.
Le Kabyle est comme ça, il félicite pas. Féliciter c'est détendre la corde qui expédie la flèche. Ça vous ramollit la fougue nécessaire au combat."
Ma part de Gaulois - Magyd CHERFI - Actes Sud 2016 -259 pages.